L'île des loisirs - ©Sylvestre DELHOMME

«…Pourquoi l’architecture ? Parce que j’étais peintre (expression à deux dimensions), qu’il était inéluctable que je devins sculpteur (expression à trois dimensions) et qu’alors ma sculpture s’emparant de l’échelle humaine se voulut habitable (expression à quatre dimensions)…» (1)

Avec l’apparition des mousses de polyuréthane, SAINT-MAUR découvre un matériau qui pourrait révolutionner l’architecture. En quoi ces mousses sont-elles révolutionnaires et pourquoi SAINT-MAUR déploie-t’il autour de ce nouveau matériau autant d’énergie ?

La maquette devient architecture éphémère - ©Léonard ZUBLER

«…Ces matériaux nouveaux peuvent être adaptés à la sculpture monumentale et aussi à la sculpture habitable. C’est à dire des habitations très différentes de celles que nous connaissons aujourd’hui. Dans ce domaine, les polyuréthanes semblent être les mieux placés. Ils ont de nombreuses qualités. Ils sont légers, peu coûteux. Ils sont imperméables et sont des isolants thermiques et phoniques parfaits…on peut obtenir n’importe quelle forme. Un simple grillage ou un voilage suffisent pour réaliser la carcasse de la maison désirée. La mousse est projetée, la construction est instantanée…maintenant on est obligé de repenser entièrement l’architecture avec ces nouveaux matériaux…» (2)

SAINT-MAUR s’enthousiasme pour cette voie nouvelle qui libère des contraintes du béton mais n’est pas encore totalement viable en terme de sécurité (émanations toxiques en cas d’incendie). En attendant une nouvelle génération de mousses ignifuges, il veut creuser l’aspect social offert par ce matériau, à l’aune de la naissante « société des loisirs » . En avril 1969, il réalise sur le pont de son atelier-péniche la première maison en mousse de polyuréthane puis développe de multiples projets assortis de maquettes pour des bungalows orientables, (ses « orbitacles »), des îles artificielles, (ses « îles des loisirs » ), ou encore des bateaux de plaisance.

(1) Saint-Maur, in « carnet de bord et l’Art vénusien » (inédit)
(2) Saint-Maur, in Sciences et Avenir n°288, 1969, interview Paul Ceuzin.

Intérieur de la maison en mousse sur la péniche à Louveciennes