«…l’œuvre de SAINT-MAUR tend à une expression totalisante de l’homme et de son univers, l’un dans son aventure inventive, l’autre dans sa pérennité substantielle, celui-ci donateur de la matière première, que celui-là transforme ou réinvente…» Max-Pol FOUCHET (Arts-Vus 1974)

Tout à la fois le travail de SAINT-MAUR est éminemment personnel et fondamentalement humaniste. Personnel quand il confronte sa sensibilité et ses aspirations métaphysiques aux exigences de la matière, pour traduire l’infinie complexité du vivant, la connivence entre l’homme et la nature. Le médium est graphique ou plastique, ce choix lui est propre. La matière a ses lois, aussi son usage et le résultat espéré dépendent-ils de cette connaissance. SAINT-MAUR s’essaiera à toutes les techniques, à tous les matériaux disponibles, en inventera de nouveaux quand cette nécessité lui sera imposée par les sujets qu’il abordera.

La démarche de SAINT-MAUR est également humaniste. Pour lui l’artiste, qui a des aptitudes spécifiques et une sensibilité particulièrement développée se doit de proposer des œuvres à tous les hommes, de quelque milieu viennent-ils. Il voit dans la muralité le moyen de donner à voir au plus grand nombre. Pour mettre en pratique sa volonté, il rédigera en 1935 les statuts de l’Association de l’Art Mural avec René DAUTHY et François LAVERGNE. Pour offrir des murs aux artistes, décorer la cité, il développe une grande énergie, organise plusieurs Salons de l’Art Mural qui regroupent des artistes éminents, et des jeunes plus audacieux.

Dans cette même dynamique volontariste, il jette les bases d’un projet de loi qui se propose d’accorder à un artiste un certain pourcentage du budget de toute construction publique. Ce projet ne verra le jour qu’après guerre sous le ministère MALRAUX, le 1% aux artistes. Nombre d’artistes dès lors se verront confier la décoration de nos nouveaux lycées et hôpitaux.

Les mousses de polyuréthane en 1968 offrirent à SAINT-MAUR l’opportunité de rêver à un habitat humain plus conforme aux désirs intimes des habitants. Le citoyen pouvait s’approprier des prérogatives architecturales en ce sens que toutes les formes devenaient possibles sans les contraintes techniques inhérentes au béton, le polyuréthane étant ultra-léger et isothermique. La grande idée était que l’on pouvait désormais créer un habitat autour et selon les desiderata de l’homme et non plus adapter l’humain à son habitation.

SAINT-MAUR n’aura été l’homme d’aucune école, d’aucun parti. S’il reprend des thèmes et des techniques déjà traités par d’autres, c’est toujours avec pertinence et sensibilité, dans un style propre. Son parcours artistique sur 60 années, où il a abordé les arts graphiques, plastiques, les ballets, l’écriture ou encore l’architecture, est un réel engagement, une exigence, une rigueur de sens, d’équilibre, une cohérence, dans un profond respect de l’homme. Voici une œuvre sans esbrouffe mais où l’humour a sa place ; une oeuvre pleine, généreuse, jamais froide, toujours porteuse d’espérance.